Il est vrai que dans nos plus jeunes âges, nous avons différents rêves mais il est parfois plus difficile de s’en tenir et de les réaliser. Passionné de l’électronique depuis tout petit, Junior Cornélius Nonfon est un jeune entrepreneur qui arrive à faire de ses rêves une réalité tout en levant le voile sur l’électronique.
Originaire de Bohicon, Junior Cornelius Nonfon est ingénieur de formation en Apply electronics and system engineering à l’université des sciences et technologies Kwame Nkrumah du Ghana. Un parcours d’excellence qui lui a très tôt valu le titre de « génie ingénieur » dans le rang de ses promotionnaires. Une fois ses études achevées, le jeune ingénieur se lance dans la création au Ghana de son entreprise Ardu Africa aujourd’hui General Invasion Sarl plus connu sous le nom commercial de YoupiLab. L’entreprise exerce depuis 2015 au Bénin dans le domaine de l’électronique avec une variété de produits et services. Un secteur dans lequel l’on retrouve très peu d’entrepreneurs et dont les activités aussi denses nécessitent forcément un génie en la matière et un savoir-faire conséquent. C’est d’ailleurs cette connaissance du domaine qui fait de cette entreprise, une unité de production d’équipements électroniques de référence en Afrique et surtout dans les pays de la CEDEAO. Ce genre de parcours force le respect, l’admiration. En effet, quand il était encore aux études, Junior Cornélius Nonfon constata un grand déséquilibre entre les cours théorique et pratique dispensés dans les universités africaines. Autrement dit, la priorité est donnée à la théorie dans les universités et quand il s’agit de savoir-faire, les compétences se font rares. Avec courage, force, travail, opiniâtreté, volonté, rigueur, persévérance, Junior a su faire de ce grand fossé, une formidable opportunité d’affaires. Comment en est-il arrivé à ce stade ? Il nous raconte son quotidien dans cette interview à nous accordée.
En quoi consiste votre activité ?
Nous sommes dans la conception et la fabrication d’équipements électroniques, la vente de composants et de matériels électroniques beaucoup plus orienté didactique et formation. Nous vendons tout ce dont les centres de formations, les universités de sciences et technologies ont besoin pour équiper un laboratoire (imprimante 3D, fraiseuse, oscilloscope, raspberry, kit arduino …) pour leurs étudiants, nous sommes aussi dans l’internet des objets à travers notre plateforme IOT (tous nos services sont disponible sur notre site youpilab.com) et enfin nous concevons des logiciels et applications web.
Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans l’entrepreneuriat électronique ?
Depuis tout petit, j’avais mes rêves, j’étais ce genre de garçon qui, poussé par la curiosité, voulait absolument découvrir comment démonter les jouets qu’on m’offrait et comment les remonter. Je me voyais devenir dépanneur mais arrivé au collège j’ai su qu’il y avait une filière appelée électronique. Je n’ai jamais voulu faire autre chose que cela. A un moment donné, mon ambition était de construire une entreprise, une usine d’électronique. Ce rêve a pris corps à l’université quand les étudiants de 3e et 4e année, avaient de belles idées pour leur projet soutenance mais ne s’y connaissant pas trop en pratique, me sollicitaient pour les aider dans la mise en œuvre desdits projets contre une forte rémunération. J’y ai trouvé une bonne opportunité d’affaires et je m’y suis lancé. C’était comme une première victoire et aussi le début de l’aventure. Par ailleurs, il est vrai que j’avais mes rêves et que j’étais le meilleur de ma promotion à l’université mais il faut avouer que c’est accidentellement, par manque de moyens financiers que je me suis retrouvé à entreprendre dans le domaine de l’électronique. Il a donc fallu que je me forme sur le tas parce que les formations qu’on nous donnaient étaient beaucoup plus théoriques que pratiques, chacun se débrouille pour monter ses projets.
En tant qu’entrepreneur en électronique, quelles sont les difficultés auxquelles vous faites quotidiennement face ?
La qualité de la ressource humaine ; dans notre secteur les compétences sont rares mais les diplômes, il y en a beaucoup. L’entrepreneur est obligé de se sacrifier d’abord en recrutant des gens, les adapter à ses besoins et attendre un an, deux ans pour que ceux-là produisent de bons résultats. Ensuite le coût et la qualité de la connexion internet ; au Bénin le degré de pénétration d’internet est encore faible ; ce qui fait que nous qui sommes dans le domaine de technologie, nous prenons beaucoup de temps pour mettre un produit sur le marché et rentabiliser.
Par ailleurs l’accès au financement pour nous les entrepreneurs est très compliqué et quand bien même vous faites l’effort pour y accéder, le taux d’intérêt est très élevé sans oublier que l’accompagnement de l’Etat fait défaut aux entrepreneurs béninois.
Quels sont vos regrets ?
Je regrette de n’avoir pas pris assez de risques. Si j’avais pris assez de risques, je serais allé beaucoup plus loin. Je suis resté trop modeste.
Quels conseils avez-vous pour les jeunes qui aspirent à l’entreprenariat ?
Avoir d’abord une bonne hygiène de vie. S’il y a quelque chose que j’ai compris aujourd’hui, c’est que le premier capital de l’entrepreneur ne doit pas être l’argent mais plutôt sa santé physique et mentale. Si votre entreprise n’a pas une certaine maturité, quand vous n’êtes pas là, rien ne bouge.
Il faut aussi s’entourer de gens capables de vous aider à garder le moral haut et de tout faire pour être honnête, sincère avec les autres. A tous ces facteurs, il ne faut pas oublier de s’engager dans les petites tontines du quartier. Dans un environnement comme celui du Bénin où les banques n’accompagnent pas les entrepreneurs, seules ces tontines du quartier sont capables de vous faire de petits prêts pour faire évoluer vos activités dans un certain temps. Et au-delà de tout, ayez foi en votre Dieu.
Eliane FATCHINA