La Reine d’Angleterre Elizabeth II a accédé au trône en 1952. Ce qui avait fait d’elle l’héritière de millions de sujets à travers le monde, dont beaucoup contre leur gré. Au moment où plusieurs nations lui rendent des hommages, dans les anciennes colonies de l’Empire britannique, sa mort suscite plutôt des sentiments de colère et de frustrations. Des évènements malheureux vécus sous son règne peinent à s’oublier.
Au Kenya, le passé avec l’empire britannique est loin d’être oublié. Longtemps resté sous emprise, ce pays d’Afrique de l’Est est devenu indépendant en 1963. Ceci, après des années de lutte violente entre un mouvement de libération et les troupes coloniales.
La reine Elisabeth II accusée d’avoir cautionné certaines injustices
Mathenge Wa Iregi, un homme de 90 ans affirme qu’en tant que combattant de la liberté, il ne pouvait pas faire le deuil de la reine. Installé dans sa petite ferme au pied du mont Kenya, il se souvient de l’époque du soulèvement des “Mau Mau” dans les années 1950, lorsque lui et ses camarades ont combattu les Britanniques.
Il explique qu’il aurait honoré la mémoire de la reine si cette dernière avait “empêché les Britanniques de venir au Kenya pour combattre les Mau Mau. Pour lui, le soulèvement des Mau Mau est légitime car les britanniques se sont accaparés de leurs terres.
1952, année du déclenchement de la rébellion des “Mau Mau”
En 1952 alors que la rébellion des Mau Mau a fraichement commencé, la réponse de la Grande-Bretagne ne s’est pas fait attendre et a été sévère.
Winston Churchill, Premier ministre de l’époque, a déclaré l’état d’urgence dans le pays et a envoyé des soldats britanniques pour aider les administrateurs coloniaux à capturer les combattants et à les envoyer dans des camps de détention. De nombreux combattants de la liberté ont été emprisonnés et torturés par les Britanniques.
Ancien combattant de la Liberté, Mathenge a passé trois ans en prison dans des conditions terribles, affirmant avoir eu “une très mauvaise vie” en prison.
Durant son séjour carcéral, il était obligé de passer les mois d’hiver froids, nu dans sa cellule, avec peu de moyens pour se réchauffer. « Beaucoup d’autres personnes sont tombées malades ou sont mortes », a-t-il confié.
La couronne britannique reconnait sa responsabilité et s’excuse
Plusieurs décennies se sont écoulées après ce triste évènement et ce n’est qu’en 2013 que le gouvernement britannique a présenté ses excuses pour la torture de milliers de Kényans pendant le soulèvement. Des millions de livres sont versés dans le cadre d’un règlement à l’amiable.
Malgré ces compensations pour réparer le tort causé au peuple kényan, la reine d’Angleterre Elizabeth II reste pour Mathenge, le symbole d’une nation qui a souvent malmené les peuples qu’elle a soumis.