La communauté internationale célèbre ce jeudi 28 juillet 2022, la Journée mondiale de lutte contre l’hépatite. L’objectif est de mieux faire connaître « cette tueuse silencieuse » qui cause environ 125 000 décès en Afrique tous les ans, malgré la disponibilité des traitements.
« Mettre le traitement de l’hépatite à votre portée », est le thème retenu pour commémorer l’édition 2022 de la journée mondiale de lutte contre l’hépatite. Selon le Docteur Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, la célébration vise à souligner la nécessité de rapprocher les services de prise en charge de l’hépatite des établissements de soins de santé primaires et, partant, des communautés qui en ont besoin, afin d’améliorer l’accès aux traitements et aux soins.
L’Afrique enregistre un taux de 26%
Plus de 90 millions de personnes vivent avec une hépatite en Afrique, soit 26 % des personnes souffrant de cette maladie à l’échelle mondiale. Malheureusement, du fait de l’absence de symptômes, la maladie est généralement détectée lorsqu’il est trop tard pour envisager un traitement, et elle entraîne des décès pourtant évitables.
État des lieux de la prévalence en Afrique
L’OMS dans la Région africaine saisit l’occasion de cette journée pour lancer le tableau de bord 2021 de l’hépatite, dont les tests sanguins révèlent une forte prévalence de l’hépatite B chez plus de 8 % de la population totale de 19 pays. En ce qui concerne l’hépatite C, la prévalence est supérieure à 1 % dans 18 pays.
La transmission de l’hépatite B de la mère à l’enfant demeure élevée dans la Région, avec une prévalence de 2,5 % chez les enfants âgés de moins de cinq ans. Seuls 14 États Membres de la Région africaine ont réussi à réduire ce taux à 1 %, un objectif que les autres Régions de l’OMS ont déjà atteint. Ainsi, le Rapport mondial sur l’hépatite 2021 nous a rappelé que seulement 2 % des personnes vivant avec l’hépatite B en Afrique connaissent leur statut et que moins de 1 % reçoivent un traitement. Dans le cas de l’hépatite C, seulement 5 % des patients connaissent leur statut, avec un taux de traitement alarmant de 0 %.
En outre, seuls 6 % des bébés ont reçu une dose du vaccin anti hépatite à la naissance pour empêcher la transmission du virus lorsque leur mère est infectée. C’est une véritable tragédie eu égard à la disponibilité de vaccins capables de sauver des centaines de milliers de vies.
Des obstacles freinent les actions de lutte
Parmi les principaux obstacles, on peut citer le fait que les services de prise en charge de l’hépatite sont confinés dans les villes et les grands centres urbains et que ces services sont principalement assurés par des spécialistes ; une situation à laquelle s’ajoute le coût élevé des tests de diagnostic et des médicaments, et l’inadéquation des plateformes de laboratoire.
Les perspectives pour une lutte efficace
En 2021, La Région africaine de l’OMS a adopté le Cadre 2021-2030 pour une riposte multisectorielle intégrée à la tuberculose, à l’infection à VIH, aux infections sexuellement transmissibles et à l’hépatite dans la Région. Ce cadre vise à soutenir les étapes majeures que sont, entre autres, l’introduction de la vaccination contre l’hépatite B à la naissance dans 35 États Membres, le diagnostic d’au moins 30 % des personnes atteintes d’hépatite chronique, et la mise sous traitement de 30 % des personnes souffrant de l’hépatite B et de l’hépatite C.
Vers la mise en place de soins décentralisés
Afin d’atteindre cet objectif ambitieux, les pays doivent progresser vers la mise en place de soins décentralisés. L’OMS fournit en effet, un appui à cette fin en mettant des supports de formation ciblés à la disposition des agents de santé pour qu’ils puissent intensifier la prestation des services simplifiés de lutte contre l’hépatite B et C, conformément aux principes de la couverture sanitaire universelle.
L’appel de la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique
Dans son message à l’occasion de cette Journée mondiale contre l’hépatite, la directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, Docteur Matshidiso Moeti a exhorté les gouvernements africains à décentraliser la prise en charge jusqu’au niveau des soins de santé primaires. Cette initiative vise à faire en sorte que tout le monde en bénéficie quel que soit le lieu de résidence. Les gouvernements sont aussi appelés à inscrire le financement au rang des priorités, afin d’en finir avec cette menace sanitaire évitable.
In fine, elle met l’accent sur le renforcement des capacités des systèmes de santé pour qu’ils puissent procéder au dépistage du virus de l’hépatite dans les produits sanguins, et pour qu’ils veillent à l’utilisation et à l’élimination en toute sécurité des seringues à usage unique. «Ces produits sont les principales voies de transmission de l’hépatite».
«Nous avons une responsabilité collective à l’égard de l’objectif visant à éliminer cette maladie d’ici à 2030», a-t-elle conclu.