Le mois de Ramadan est un moment de jeûne quotidien, de prière et d’actes de charité pour les musulmans du monde entier. En Libye, un groupe de bénévoles travaille jour et nuit pour restaurer des Corans endommagés ou usés par le temps. Une manière de passer le mois de Ramadan plus proche d’Allah.
Pendant que certaines personnes choisissent de rester chez eux pour ces moments de consécration, d’autres ont préféré se lancer dans la restauration des livres saints en état de délabrement. En effet, un groupe de bénévoles musulmans a choisi de mettre leurs temps au service du spirituel en rénovant les corans usés ou endommagés. Khaled al-Drebi, l’un des restaurateurs du livre sacré de l’islam les plus connus de Libye, fait partie de ceux qui arrivent quotidiennement dans un atelier de Tripoli. Pour lui, « acheter un Coran avant le début du mois de Ramadan était une tradition » mais les Libyens, très attentifs à leurs dépenses quotidiennes à cause de la crise économique, « préfèrent restaurer leurs livres plutôt qu’acheter du neuf ». Ainsi, restaurer les vieux corans pourrait essentiellement répondre aux besoins afflux des corans pendant le ramadan. Bien plus, les prix de ce livre saint ont augmenté car l’État en a interrompu l’impression en Libye.
Un travail de spiritualité et de concentration
Pour les musulmans, le ramadan est un mois de spiritualité, où le jeûne quotidien de l’aube au crépuscule s’accompagne de prières et d’actes de charité, qui se traduisent souvent par une augmentation des achats de corans. Dans cet atelier, les Corans sont répertoriés selon leur degré de détérioration et la durée de l’intervention nécessaire qui varie entre une ou plusieurs heures. «Les Corans très endommagés (…) doivent être défaits, restaurés puis reliés», un processus minutieux qui nécessite du temps et de la concentration, explique Abdel Razzaq al-Aroussi, un technicien de l’atelier de la rue Mizran à Tripoli.
Le temps de Ramadan est une des périodes les plus importantes de l’année pour les musulmans. Elle est consacrée à la prière et à la lecture du livre saint de l’islam. Et cette année, avec la levée des restrictions liées à la pandémie du Covid-19, les mosquées prévoient un afflux de fidèles, de tapis de prière et de Coran. Ce qui explique cette grande foule à l’atelier de la rue Mizran. Chacun veut réparer son vieux coran au lieu d’en acheter un nouveau. De plus, ce livre saint représente pour certains un souvenir ou un patrimoine du père ou d’un grand parent auquel il se trouve affectueusement lié.
L’atelier Mizran
Créé en 2008, l’atelier Mizran a déjà restauré près d’un demi-million d’exemplaires de coran et plus de 1 500 stagiaires, essentiellement des hommes, s’y sont formés. Mais de plus en plus, des femmes attirées par ce métier qui allie savoir-faire et spiritualité, viennent l’apprendre avant de devenir formatrices à leur tour. Elles apprécient d’exercer cette activité dans le confort de leurs foyers ou dans des ateliers exclusivement féminins comme celui géré par Khadija Mahmoud à Zaouia (45 km à l’ouest de Tripoli). Par ailleurs, une nouvelle génération a rejoint l’atelier, apportant de nouvelles techniques utilisant l’ordinateur pour le design graphique et des logiciels comme Photoshop pour reproduire les pages manquantes d’un Coran.