Après le naufrage du pétrolier Xelo à Gabès en Tunisie le samedi 16 avril 2022, beaucoup de questions se posaient quant à l’extraction des 750 tonnes de gazole, transportées par l’appareil flottant. Ainsi, l’Italie a envoyé un navire militaire de dépollution qui est arrivé ce mardi au large des côtes du sud-est tunisien. Il sera essentiellement question d’aider les techniciens dans les opérations de pompage du gazole transporté par le cargo.
Le navire militaire de dépollution a été envoyé dans le cadre de la coopération tuniso-italienne. En effet, l’objectif est de faire extraire les 750 tonnes de gazole, transportés sur le pétrolier, une opération à haut risque, car la moindre fuite pourrait engendrer une marée noire.
Le capitaine de la marine tunisienne Mazeri Letayef, qui dirige une cellule de crise mise en place après cet accident a indiqué que ce navire inspecte actuellement le pétrolier naufragé en vue de proposer une solution technique pour effectuer le pompage. Pour précision, le capitaine a souligné que le navire italien n’est pas équipé pour se charger de l’opération de pompage qui n’est d’ailleurs pas facile et doit être effectuée sans poser de risque de fuite de gazole.
Les conditions de naufrage
En effet, le pétrolier Xelo, est parti du port de Damiette en Égypte et se dirigeait vers Malte. L’incident est survenu le samedi dans les eaux tunisiennes où il s’était réfugié vendredi soir en raison de mauvaises conditions météorologiques. Ainsi, le cargo de 58 m de long sur 9 m de large, a commencé à prendre l’eau. Heureusement, les forces de la marine militaire ont évacué les sept membres de l’équipage avant que le navire ne sombre dans la mer.
D’après les plongeurs déployés dimanche pour effectuer les opérations d’inspection, le navire a coulé à près de 20 m de fond, en position horizontale et ne présente pas de fissures, a indiqué un communiqué du ministère de l’Environnement. Le ministre tunisien du Transport Rabie Majidi a rassuré lors d’une déclaration devant les médias locaux que l’incident n’avait causé « aucune catastrophe marine ». Néanmoins, la justice tunisienne a ouvert une enquête pour déterminer les causes de cet accident mais aussi la nature de l’activité du pétrolier et son trajet des dernières semaines.
D’énormes points d’ombre
Le cargo Xelo a naufragé à seulement 7 kilomètres des côtes tunisiennes et, compte tenu de sa destination (Malte), il n’avait rien à faire là. Selon les informations officielles, le commandant de bord serait entré dans les eaux tunisiennes pour se mettre à l’abri du vent. Cependant, les rapports météorologiques ne font pas état de vent violents.
De même, l’activité de ce navire qui bat pavillon équato-guinéen laisse à désirer. L’appareil serait vieux de 47 ans, autant dire une éternité pour un navire. En 2021, les autorités du port de Neapolis, en Grèce, l’auraient jugé inapte à la navigation et pour cause : le pétrolier a été construit depuis 1975.
De l’autre côté, le ministère de l’Environnement tunisien en charge de la gestion de crise a aussi annoncé qu’un document avait disparu. Il s’agirait du connaissement maritime où figure le détail du chargement. Le tribunal de Gabès a ouvert une enquête sur les raisons du naufrage, alors que le gros des opérations de pompage devrait commencer hier, mardi, selon les médias locaux.
Autant de points d’ombre qui suscitent beaucoup de soupçons. Pour l’heure, l’important est d’extraire ces centaines de tonne de liquide car si une marée noire venait à se produire, Abdelmajid Dabbar, président de l’Association Tunisie Écologie (ATE) affirme que ce serait une catastrophe écologique et économique dans une région à la biodiversité unique.