A 61 ans, le togolais Gilbert Houngbo a été élu à la tête de l’Organisation internationale du travail (OIT). Ainsi, il devient le premier africain à occuper ce poste de responsabilité.
Le vendredi 25 mars 2022, Gilbert Houngbo, ancien premier ministre du Togo a été élu par le Conseil d’administration de l’OIT avec 30 voix, contre 23 pour sa principale opposante, l’ex-ministre française du travail Muriel Pénicaud. Il devient alors, le premier africain à prendre les rênes de l’Organisation internationale du travail. Ceci dénote de la qualité des compétences africaines dans un monde en perpétuelle mutation.
Un riche parcours
Ancien secrétaire général adjoint des Nations Unies, directeur du Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud), il a été également membre de l’équipe stratégique et directeur administratif et financier de l’organisation. Directeur adjoint en charge des Opérations sur le terrain au sein de l’OIT, de 2013 à 2017, il préside actuellement le Fonds international de développement agricole (FIDA) à Rome. Ainsi, l’homme a passé la grande partie de sa carrière dans des organisations internationales et est considéré comme un fonctionnaire chevronné à l’échelle mondiale. Ce dernier sera officiellement investi dans ses nouvelles fonctions début octobre, succédant ainsi à l’ancien syndicaliste britannique Guy Ryder, en poste depuis 10 ans et qui a atteint la limite des deux mandats.
Ambitieux pour sa mandature historique
« Je suis profondément et absolument honoré d’être le premier représentant de la région Afrique à être choisi pour diriger l’OIT après cent trois ans d’existence », a-t-il déclaré, après son élection à la tête de la plus ancienne agence spécialisée des Nations unies. Pour lui le résultat de l’élection « est porteur d’un symbolisme fort ». Ainsi, il affirme que « Votre choix (…) répond aux aspirations d’un jeune Africain, d’un jeune Africain dont l’humble éducation s’est transformée en une quête de justice sociale qui a duré toute une vie. » Dans sa candidature, Gilbert Houngbo avait souligné que sa vision de l’OIT s’inspire du préambule de la Constitution de l’organisation : « Attendu qu’une paix universelle et durable ne peut être fondée que sur la base de la justice sociale. » Il a de même reconnu la nécessité de préserver les acquis : « Les progrès accomplis ces dernières décennies en matière de justice sociale doivent être préservés et protégés » avait-il écrit. Et les solutions mondiales aux nouveaux défis et opportunités doivent être centrées sur les valeurs humaines, environnementales, économiques et sociétales. En bref, un nouveau contrat social mondial s’impose.
Un challenge remporté
Pour l’élection, cinq candidats étaient en lice. La principale opposante était Mme Pénicaud, portée par le bloc européen. Ancienne ministre du travail de mai 2017 à juillet 2020, la Française a initié les grandes réformes sociales du quinquennat d’Emmanuel Macron, comme celles du Code du travail ou de l’assurance-chômage, vivement critiquées par les syndicats. De plus, étaient également candidats l’ex-ministre des affaires étrangères de Corée du Sud, Kang Kyung-wha (2 voix), l’entrepreneur sud-africain Mthunzi Mdwaba (1 voix) et l’Australien Greg Vines. Pour finir, M. Houngbo reconnait que son « élection au poste de directeur général intervient à un moment trouble de l’histoire, à un moment d’incertitude pour ce que l’avenir pourrait réserver…Le monde a besoin d’une OIT qui soit capable de résoudre les problèmes concrets des travailleurs et des entreprises. » Ainsi, Gilbert Houngbo devient le premier dirigeant africain de la plus vieille agence onusienne.