Les dernières semaines du mois de décembre sont souvent mouvementées et parfois stressantes pour bon nombre de personnes. Finir en beauté l’année qui s’achève et bien entamer la nouvelle devient une préoccupation majeure. Chacun se donne à cet effet les moyens nécessaires pour parvenir à ses fins. Au Bénin, les préparatifs n’annoncent pas seulement les couleurs d’une réjouissance populaire ou familiale mais de véritables moments de ferveurs vouées à Dieu et aux mânes des ancêtres.
Être spirituellement prêt avant de débuter une nouvelle année est une culture ancestrale en Afrique. Elle dure des siècles et se perpétue malgré la colonisation. Certains pays se démarquent des autres en affichant leurs identités culturelles malgré l’importation et l’imposition des cultures étrangères par diverses formes qui cachent tout le côté pervers de la mondialisation. Le Bénin figure parmi ces pays qui font l’effort de s’accrocher et de s’affirmer même si le chemin à parcourir parait si long.
Que font-ils réellement ?
A quelques jours des fêtes de nouvel an, le Fa est consulté au Bénin. C’est la voix du destin qui montre la voie au peuple qui continue de faire recours à cette science qui représente un patrimoine culturel datant de plusieurs siècles. Il s’agit en effet, du Tofa. Un évènement inédit et historique qui regroupe autour de lui un collège de Bokonnon (prêtres de Fa) engagé pour faire pérenniser un héritage.
L’objectif de cette démarche est de connaitre la situation de la nouvelle année, ce qu’elle réserve pour tous les citoyens béninois, sur tous les plans. Cet événement date de plusieurs siècles car le Tofa ‘’est un rituel initié depuis 1715 par le roi Dossou Agadja, ‘’le conquérant’’ (1673-1740). Après qu’il ait accédé au trône une sécheresse s’est abattue sur le royaume et il fallait conjurer le sort. C’est ainsi que le 15 novembre 1715, sous le signe Toulagbogli, le Fa demanda des sacrifices pour la divinité Hêviosso (dieu du tonnerre). Les sacrifices sont faits, le royaume fut arrosé automatiquement par la pluie. C’est de ce fait que le Tofa a été institué depuis ce temps pour s’enquérir à chaque veille de fin d’année des nouvelles de l’état du royaume afin de conjurer les éventuels mauvais sorts’’.
La consultation de cette année a été faite le samedi 4 décembre à Abomey-Calavi. L’an 2022 est placé sous le Fa-Dù (signe) “Wlin-Ko Tchè”. En résumé ce signe principal annonce une stabilité financière et de grande récolte sur le plan agricole. Toutefois le Fa déconseille les railleries‚ avortements‚ calomnies et rivalités politiques. Des vɔ (sacrifices) sont prescrits pour les protections et pour conjurer les mauvais sorts.
Fa comme instrument d’anticipation et de préservation de la paix au Bénin.
Grace à cette science, le Bénin à travers ses sachant arrivent à orienter le peuple et ses dirigeants sur les attitudes et mesures à prendre pour préserver la paix. Par exemple, le Fa révèle sous le signe principal de WLIN-KO-TCHÈ que “Le peuple est victime de calomnie et de médisance à cause de sa gouvernance.’’ Des mesures doivent être donc prises pour permettre aux dirigeants de mieux gouverner le pays. Il invite le gouvernement par ce signe à renforcer ses mesures de sécurité pour bien assurer la protection des citoyens car sous le Signe secondaire, Foutoula, le Fa annonce des braquages et cambriolages en 2022, des morts par incendies, des rivalités liées à des postes de responsabilité. Sur le plan sanitaire une mortalité infantile s’annonce également. Avec ces informations le système sanitaire doit être renforcé.
La question relative à l’interruption volontaire des grossesses refait surface étant donné que sous le signe tertiaire Ablawoli, le Fa interdit l’avortement pour les femmes en 2022 afin d’éviter toute fatalité liée à cela. Le Fa demande en conséquence de prendre soin des mamans pour recevoir leurs bénédictions en 2022. L’unité familiale est donc recommandée.
Fa comme instrument de prévention
Plusieurs maladies risquent de sévir mais le Fa prévoit intervenir au besoin. L’urgence est donc signalée pour que chaque citoyen fasse attention à ce qu’il fera de sa santé en 2022. Des maux comme des pathologies infectieuses avec éruptions cutanées, pathologies abdominales notamment les urgences chirurgicales, de l’impuissance sexuelle, les maladies génitales masculines et féminines et les maladies du bas appareil digestif (kystes, fibromes, myomes, maladies de la prostate, maladies hémorroïdaires…etc.), des pathologies avec brûlures dermiques (Syndromes allergiques (Lyell…), les brûlures par incendie sont annoncées par l’oracle.
Consultation et sollicitation des divinités
Pour résoudre les nombreux problèmes révélés par le Tofa, des divinités seront mises à contribution à travers des sacrifices. Il s’agit entre autres de : Lègba de Dako à Houawé, Lissa à Ouidah, Minonnan à Calavi Tôkpa, Sakpata de Michaï, Tôhôssou de Ouémè, Houéda Dangbé de Ouidah (Divinité serpent), Hêviosso (Tonnerre) de Sokôdji, Kôlimègou de Dègan, Lingbè (dieu de fer), Gou de Koutago (dieu de fer), Hoxo dans le Mono, Défunts Bokônons ayant combattu pour la paix (Koututô) ect.
A noter que Les préparatifs ne se limitent pas seulement à cet événement. Chaque famille poursuit les mêmes démarches en fonction de sa religion ou de sa foi
Loin des projecteurs
Dans les églises, les chrétiens en complicité avec leurs guides spirituels organisent des jeûnes, des séances de prières de délivrances, de protections suivies des messes d’intentions et d’actions de grâce. Au couvent, sur les carrefours, au bord de la mer, dans les forêts sacrées, et autres lieux de culte, les rituels de purification, de protection, des offrandes aux divinités, sont ancrés dans les pratiques de fins d’années. Toutes ces démarches redonnent de l’espoir de commencer une nouvelle année en beauté sans oublier de faire attention à l’insécurité alimentaire et aux joies débordantes.