Selon un communiqué du gouvernement burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré et sa suite ont décidé ce samedi 03 décembre de la « suspension immédiate et jusqu’à nouvel ordre », de la diffusion des programmes de Radio France Internationale (RFI) sur toute l’étendue du territoire national. Et pour cause, la junte dénonce « des manquements » constatés dans le travail du média français au Burkina Faso.
Il y a huit mois, Bamako a pris une décision similaire. A son tour, le Burkina Faso décide de suspendre la diffusion des programmes de RFI dans le pays. Emmanuel Ouédraogo, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement burkinabè, a justifié cette décision par la diffusion ce 03 décembre même par les journalistes de RFI «d’un message d’intimidation des populations attribué à un chef terroriste ».
« Ce média contribue ainsi à une manœuvre désespérée des groupes terroristes en vue de dissuader les milliers de Burkinabè mobilisés pour la défense de la Patrie, ramant à contre-courant des actions en cours pour la restauration de l’intégrité de notre territoire », a-t-il défendu.
Le ministre de la Communication a en outre ajouté que plutôt le 02 décembre, les journalistes de RFI avaient diffusé dans la revue de presse, « une information mensongère, indiquant que le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, assure qu’une tentative de coup d’Etat a visé son pouvoir ». Alors que depuis le 03 novembre dernier, le gouvernement burkinabè avait déjà exprimé son « indignation face à l’attitude tendancieuse des journalistes de ce média et leur propension à jeter un discrédit sur la lutte dans laquelle le peuple burkinabè est engagé pour plus de liberté et de dignité », rappelle-t-il.
Par ailleurs, le gouvernement burkinabè tient «à réaffirmer à l’opinion nationale et internationale, son attachement à la liberté de la presse et à la liberté d’opinion, mais également au droit du public à l’information » et invite cependant au respect des règles et principes édictés en la matière au Burkina Faso, a conclu le porte-parole du gouvernement.
Réactions des journalistes de RFI
Dans un communiqué publié le samedi 03 décembre même sur le site de RFI, « la direction de RFI déplore vivement cette décision et s’élève contre les accusations totalement infondées mettant en cause le professionnalisme de ses antennes ».
La société des journalistes de RFI a par la même occasion, condamné cette suspension « basée sur une lecture erronée du travail de nos journalistes ». « Il nous apparaît important de rappeler que les priorités de RFI sont, et ont toujours été, la pluralité des points de vue et des personnes à qui elle donne la parole, de même qu’un travail de terrain fidèle, scrupuleux, et un attachement sans faille à la liberté d’informer », ont-ils dit.
C’est pourquoi, « le groupe France Médias Monde explorera toutes les voies pour parvenir au rétablissement de la diffusion de RFI, et rappelle son attachement sans faille à la liberté d’informer comme au travail professionnel de ses journalistes » lit-on.
Le Burkina Faso est le deuxième pays d’Afrique de l’ouest à suspendre la diffusion des programmes de RFI sur son territoire après le Mali, un autre pays dirigé par les putschistes militaire. En mars 2022, ce dernier avait accusé RFI de diffuser de « fausses allégations » d’exactions commises par l’armée malienne.