Un deuxième journaliste camerounais du nom de Jean-Jacques Ola Bébé, par ailleurs prêtre de l’église orthodoxe du Cameroun, a été retrouvé mort le 2 février près de son domicile, dans le quartier de Mimboman, dans la capitale Yaoundé, apparemment abattu par des inconnus, a informé l’ONU le 07 février dernier.
Ce nouvel meurtre intervient onze jours après celui d’Arsène Salomon Mbami Zogo, plus connu sous le nom de Martinez Zogo, journaliste de renom et directeur de la station privée Amplitude FM, retrouvé mort cinq jours après avoir été enlevé devant un poste de gendarmerie de la capitale camerounaise.
A en croire les confidences de l’épouse du défunt Myriame Ola, relayées par les medias locaux, son mari lui aurait confié au soir du 1er février, être suivi par des individus inconnus et qu’il devrait quitter la maison pour un moment. Cependant, les bourreaux n’auraient pas perdu beaucoup de temps. Car très tôt dans la matinée du 2 février, l’irréparable a été commis.
Selon le porte-parole du Bureau des droits de l’homme de l’ONU à Nairobi, Seif Magango, « Ola Bebe et Martinez Zogo étaient tous deux des voix franches contre la corruption, utilisant leurs tribunes à la radio pour dénoncer des cas de détournement présumé de fonds publics. Ces dernières semaines, Ola Bebe a été le premier à demander que justice soit faite et que les coupables répondent de l’assassinat de Martinez Zogo, son proche associé ».
L’institution onusienne a également dit être « profondément préoccupé» par la sécurité des journalistes dans le pays. Et pour cause, d’après Seif Magango, « au moins trois autres journalistes camerounais ont signalé en janvier, qu’ils avaient reçu de sérieuses menaces de la part de personnes non identifiées ».
« Les autorités camerounaises doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour créer un environnement propice au travail des journalistes sans crainte de représailles, et pour faire respecter le droit à la liberté d’expression tel qu’il est garanti par le droit international relatif aux droits humains, et également énoncé dans la Constitution du Cameroun », a-t-il ajouté.
Depuis le meurtre de Martinez Zogo, une enquête est ouverte et a permis l’arrestation de plusieurs personnalités proches du pouvoir de Paul Biya. En réaction à ce nouveau crime, l’ONU demande aux autorités camerounaises « de veiller à ce que le meurtre d’Ola Bebe fasse également l’objet d’une enquête indépendante, efficace et impartiale et que les responsables de ces meurtres, à tous les niveaux, soient tenus pour responsables ».
Car, conclu l’institution, « Une presse libre, indépendante et diversifiée est essentielle pour que les citoyens soient informés et en mesure de demander des comptes aux institutions publiques ».
En 2022, le classement de la liberté de presse établi par l’ONG Reporters Sans Frontières (RSF) a placé le Cameroun à la 118e place sur 180 pays. L’ONG avait également dénoncé le danger quotidien auquel fait face les journalistes camerounais, « exposés aux attaques verbales et physiques, aux arrestations, aux procédures-bâillons et aux risques d’assassinat ».