Pratique incontournable dans la culture africaine, la dot est l’expression symbolique d’un homme pour entrer en communion avec une femme. Ce geste symbolique permet de sceller l’union entre deux familles et se matérialise souvent par des cadeaux, de l’argent ou d’un mélange des deux. Cependant, dans les sociétés africaines actuelles, elle se transforme de plus en plus en une anarque, du fait du montant exagéré fixé par certaines familles.
Instituée dans les coutumes africaines depuis des millénaires, la dot est le gage de l’alliance conclue entre deux familles qui se mobilisent pour donner leur bénédiction aux époux. Cette alliance est la preuve juridique du mariage au sein des familles. Etant donné que le mariage civil lie les époux à l’Etat et le mariage religieux à l’Eglise, la dot quant à elle, représente le mariage coutumier. Et c’est souvent le premier acte qu’exige le prêtre ou le maire avant toute démarche civile ou religieuse. D’ailleurs, l’article 142 du code de la famille et des personnes au Bénin stipule ‘’La dot a un caractère symbolique.’’ Au regard de son caractère institutionnel et l’importance qu’elle revêt en Afrique, certaines familles en ont fait une opération commerciale. Ainsi il est de plus en plus fréquent de voir les hommes consacrés une bonne partie, voire toutes leurs ressources financières à l’achat des cadeaux de luxe et des enveloppes bien chargées d’argent en vue de payer la dot de leur future conjointe. Certaines familles ont du coup fait de la dot de leur fille, une opportunité de se faire beaucoup d’argent (Des cérémonies de dot en Afrique peuvent aller de cinq cent milles à un million cinq cent milles francs cfa) ; toute chose qui fait perdre à cette noble institution, son caractère sacré et qui amène les jeunes à se montrer réticent sur le sujet.
Les jeunes face aux obligations coutumières
Dans un pays comme celui du Bénin où le smig est encore à quarante milles avec un taux de chômage très élevé, les cérémonies de dot très coûteuses viseraient-elles alors à exclure les jeunes qui n’ont pas encore les moyens de réunir cette gigantesque fortune ? En effet, elles sont nombreuses aujourd’hui, ces femmes qui trainent encore avec des enfants sous le toit de leur parent. Et pour cause, le mari n’aurait pas encore payé la dot. Cet état de chose pose non seulement un véritable problème de société, mais surtout entache la réputation de nos valeurs traditionnelles. Par ailleurs, lorsque le mari arrive enfin à doter la femme au prix de dures années de labeurs, le plus souvent, ce sont les femmes qui en subissent les coups dans les foyers. En outre, face aux dépenses faramineuses qu’occasionnent dorénavant la dot, l’on se demande s’il faudrait l’abolir. Le risque dans ce cas, serait d’aller à l’encontre de nos coutumes et us traditionnels africains ; et donc de l’esprit de la dot. Pour l’heure, la dot doit être repenser non seulement dans les parlements africains, mais surtout au sein des familles, de manière à permettre à tous les jeunes de se sentir concerner et d’en faire une de leurs priorités dès qu’ils aspirent à fonder une famille. Certes, des lois existent pour recadrer la question de la dot, mais aucun respect de ces dispositions prises par le législateur n’est observé. D’où il est important d’organiser des campagnes de sensibilisation afin de limiter un temps soit peu les dégâts de la dot monétisée.
Eliane FATCHINA