Ce lundi 29 août 2022, une fusillade a éclaté dans la petite ville d’Ikongo, localité située au sud-est. Les gendarmes ont tiré sur une foule d’habitants qui réclamait la tête de quatre suspects, arrêtés dans une affaire de kidnapping d’un enfant albinos, survenue une semaine plus tôt. Le bilan provisoire est de 19 morts au moins et plus d’une trentaine de blessés, selon l’annonce faite dans la matinée de ce mardi 30 août par la gendarmerie.
La population en colère après le kidnapping d’un enfant albinos il y a une semaine.
La colère est montée au nez des habitants d’Ikongo. Très consternés, ils se rendent devant la gendarmerie lundi matin pour réclamer les quatre personnes, soupçonnées d’être impliquées dans l’affaire et détenues à la gendarmerie. Devant une foule décidée à se faire justice, les gendarmes ont tiré pour disperser les manifestants. Les premiers coups de feu sont déclenchés aux environs de 11heures.
De la légitime défense, selon un gendarme impliqué dans la fusillade.
Environ 500 personnes, munies d’armes blanches dont des machettes, ont essayé de rentrer de force dans la caserne pour s’emparer des suspects, témoigne un gendarme impliqué dans la fusillade. Selon lui, les tirs sont ainsi de la légitime défense. « On n’a pas eu d’autre choix que de se défendre. Le gendarme a également précisé que des négociations se sont tenues, mais sans succès. Il poursuit que les gendarmes ont ensuite lancé des fumigènes puis fait des tirs de sommation, avant de se résoudre à tirer pour se protéger.
Un parlementaire désapprouve la version de la gendarmerie et exige une enquête.
Jean-Brunelle Razafintsiandraofa, est un député de la localité d’Ikongo. A l’en croire, la version servie par l’un des gendarmes impliqués dans la fusillade ne convainc pas. Il demande qu’une enquête parlementaire soit ouverte pour déterminer qui a donné l’ordre de tirer en premier.
« Nous devons savoir quelles sont les responsabilités de chaque entité. Qui a tiré en premier? ».
Les gendarmes auteurs de la fusillade en fuite, un des suspects du kidnapping aux mains de la famille de la victime.
Quelques heures après l’incident, les gendarmes impliqués dans la fusillade ont pris la clé des champs abandonnant leur caserne. Selon les explications du chef de la circonscription d’Ikongo, ils seraient en fuite vers les villes les plus proches. L’un des quatre suspects arrêtés par les gendarmes dans cette affaire de kidnapping, a été capturé ce matin par la famille de l’enfant. Pour ce qui concerne les trois autres suspects, aucune information n’est donnée à leur sujet.
Un calme apparent s’observe depuis peu dans la localité d’Ikongo. Les cérémonies funéraires pour honorer la mémoire des victimes vont démarrer demain mercredi 31 août. Le président de la République malgache quant à lui, n’est pas resté insensible. Il a annoncé l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur le drame et situer les responsabilités.