Le souverain pontife a conclu son voyage apostolique à Malte par une visite au centre pour migrants Giovanni XXIII Peace Lab, où il a rencontré deux cents migrants. Dans son discours, le pape François a dénoncé les autorités complices des violations des droits fondamentaux et a exprimé son rêve de voir les migrants devenir des témoins d’accueil et de fraternité en Europe.
Le pape François a été accueilli sur Granaries Square à Floriana, près de la capitale La Valette, par des acclamations de la foule venue très nombreuse. Ils étaient environ 12 000 personnes réunies dimanche dernier en plein air pour la messe du pape.Ce dernier était en visite de deux jours dans l’archipel méditerranéen. Bien avant la messe, le souverain pontife s’est recueilli à la grotte de Saint Paul à Rabat, l’un des principaux lieux de pèlerinage de l’île, qu’avaient déjà visité ses prédécesseurs Paul II et Benoit XVI.
Le chef de l’église catholique préoccupé par la situation des migrants
De l’île, plus précisément d’un centre d’accueil pour réfugiés, le pape François a lancé, dimanche 3 avril, un nouvel appel sur le sort des migrants. Depuis cette portion de terre, il a appelé à nouveau à s’inscrire dans les pas de l’accueil réservé à Saint Paul, qui a fait naufrage en l’an 60 au large de Malte selon la tradition chrétienne, en référence aux migrants arrivant dans l’archipel méditerranéen. «Aidez-nous à reconnaître de loin les besoins de ceux qui luttent au milieu des vagues de la mer, jetés sur les rochers d’un rivage inconnu. Fais que notre compassion ne s’épuise pas en vaines paroles », a-t-il déclaré. En effet, il n’a pas manqué de dénoncer les « accords sordides » passés par l’Union européenne avec la Libye pour former les garde-côtes qui interceptent les migrants.
« Je ne vous ai jamais oubliés » lance le pape aux migrants
Ces migrants viennent de la Somalie, du Nigeria, de l’Érythrée, du Soudan… et nourrissent le rêve de trouver une terre meilleure pour leur assurer un avenir de paix et de liberté. Tout au long de leur parcours, ils ont perdu des compagnons dans le sable du désert, dans les rues des villes libyennes livrées à l’anarchie, dans des camps de rétention horrifiques sur la côte libyenne, ou bien en mer, à quelques encablures de l’Afrique ou en vue des îles européennes. Le souverain pontife a déclaré que depuis son voyage à Lampedusa, au tout début de son pontificat, en juillet 2013, qu’il les porte toujours dans son cœur et dans ses prières. « Depuis que je suis allé àLampedusa, je ne vous ai jamais oubliés » a-t-il confié.
D’une démarche ralentit et fortement claudiquant, le souverain souffre très visiblement d’une douleur aiguë au genou et d’une hanche lancinante qui lui interdisent les escaliers et l’obligent à s’asseoir dans sa papamobile. Cette condition ne lui a quand même pas empêcher d’exprimer ses pieuses pensées à l’endroit de ses fils et filles migrants. Pour le franciscain Dionisio Mintoff, fondateur du lieu dans les années 1970, « Personne ne voudrait laisser son histoire et ses proches derrière soi mais la guerre, la faim et l’impossibilité de construire leur avenir et celui de leurs enfants pousse beaucoup d’hommes et de femmes à fuir leur pays et à chercher un endroit sûr ».
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Pendant que le Haut-Commissariat pour les réfugiés fait état de1 971 morts et disparus en Méditerranée en 2021, le pape François exhorte l’Europe à faire preuve de compassion et de clémence envers ces réfugiés qui traversent la Méditerranée depuis la Libye. « Le naufrage est quelque chose que des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ont vécu en Méditerranée ces dernières années. Malheureusement, pour beaucoup d’entre eux, cela s’est terminé en tragédie. Hier encore, la nouvelle d’un naufrage au large des côtes libyennes, seules quatre personnes ont survécu d’un bateau avec environ 90 personnes. Prions pour nos frères qui ont trouvé la mort dans notre mer Méditerranée » a-t-il ajouté. Ces mots expriment la nécessité de trouver une solution favorable à la situation des migrants sur le continent.