Qu’elle occupe de prestigieux postes et distinctions ou qu’elle commence une carrière dans l’agrobusiness, Neuly Olatutu Abiala est une béninoise au parcours inspirant. Née en 1979 à Cotonou au sud du Bénin, Neuly a taillé son chemin professionnel de manière remarquable et avec aplomb. Au début de la vingtaine, elle décroche son Bac A2 au collège catholique Père Aupiais de Cotonou en 1998 et décide de continuer ses études à l’université des hautes études commerciales et informatiques de Casablanca l’année suivante. De 2000 à 2004, elle s’est inscrite en double diplôme en mobilité internationale : Bachelor In Business Administration, option Management à l’université de Moncton au Canada et à l’Ecole Supérieure de Commerce à Amiens en France.
Consciente que son continent a besoin de ses compétences, de son savoir-faire, de son leadership et surtout éprise de son pays, elle revient au Bénin en 2008 pour travailler successivement en qualité de directrice des opérations du call center nasuba international, puis directrice d’exploitation du vickinfel hôtel et directrice commerciale de azalaî hôtel de Cotonou. Elle s’est ensuite engagée dans le développement de son continent avec une idéologie panafricaniste qui éveille les consciences et surtout en ayant la ferme conviction que l’Afrique dispose de ressources et du potentiel nécessaire pour son essor. « La première chose dont l’Afrique a besoin ce sont des ressources humaines de qualité, car c’est l’homme qui fait le développement. On a tout mais on n’est pas assez conscient, on est là et on dort sur de l’or. » affirme-t-elle avec consternation.
Dès lors, elle fait sienne la lutte contre le sous-développement mais consciente que seul le combat collectif est prometteur sur de tels chantiers, elle en appelle à tous les africains. « J’ai décidé de réussir mon développement personnel afin que ma lumière atteigne le maximum de gens autour de moi pour qu’ensemble on puisse relever ce challenge. Ce sont nos défis et plus on sera nombreux, plus on aura la chance de réussir. » confie-t-elle en effet.
Par ailleurs la détentrice d’un bachelor en administration des affaires a également été directrice exécutive de panafricana international ONG de 2011 à 2017. Un organisme qui avait pour vocation de former les jeunes à la terre. Une première expérience qui n’a pas forcément tenu la promesse des fleurs après six années d’exercices, fautes d’accompagnement. « Avec panafricana internationale, nous avons formé environ 250 jeunes à l’agriculture biologique. On récupérait les jeunes déscolarisés, défavorisés, on les gardait chez nous pendant un an, on les nourrit nous-même, on les soigne ; ils restent avec nous et ils apprennent tous les basiques de l’agriculture et à la fin, on leur donne des terres pour les aider à s’installer. » dit-elle.
Mais dans un environnement où l’appui financier fait défaut et que les défis à relever sont de plus en plus nombreux, les motivations seules ne suffisent plus pour y arriver. « On a dû abandonner parce que c’était à nos fonds propres . On a essayé d’avoir de sponsor mais personne n’a répondu à nos appels. » se désole-t-elle.
Elle décide en outre de se faire former au consulting pour mieux accompagner les entreprises béninoises et africaines dans leurs défis de croissance. Consultante internationale au cabinet Manegere Afrique, elle a finalement pris son autonomie pour être consultante formateur international en freelance de 2014 à ce jour. Et puisqu’on ne peut être un bon consultant si on ne touche pas du doigt les réalités et les défis permanents de la globalisation et de l’évolution technologique, elle décide de créer et de gérer de façon parallèle son entreprise pour mieux cerner les challenges des managers qu’elle accompagne. La fermière est alors née en 2017 et continue de grandir en vue de s’imposer parmi les références africaines et internationales en agroalimentaire.
A la recherche de nouveaux défis, elle s’est, avec le temps, lancée dans la promotion de l’entrepreneuriat féminin en aidant les femmes porteuses de projet entrepreneurial à atteindre leurs objectifs dans les meilleures conditions de productions alimentaires. Aujourd’hui, grâce à cette initiative, plusieurs produits alimentaires made in Benin, faits dans de bonnes conditions d’hygiène sont disponibles sur le marché alimentaire au Bénin et aussi dans plusieurs pays africains. Ilé obirin a alors vu le jour, une association dont la vocation est la production, la promotion et la vente des produits agroalimentaires typiquement béninois. « En aidant les femmes à s’épanouir, on sauve l’Afrique car aujourd’hui nous avons perdu nos valeurs. Et tout part de l’éducation quand il s’agit de valeur, et qui parle d’éducation, parle de femme. » a-t-elle laissé entendre.
Toujours soucieuse du bien-être de son environnement immédiat et lointain, elle a lancé une formation en ligne pour tous les africains désireux de se faire former en entrepreneuriat agricole.
Malgré qu’elle soit instruite, madame Neuly Abiala ne renonce à ses origines et se bat au quotidien pour pérenniser la culture de son continent. Il est d’ailleurs rare de voir des femmes africaines, avec ce parcours exceptionnel et ses différents postes occupés tant au plan national qu’international, finir par se lancer dans un secteur comme l’agrobusiness « Je suis allée à l’école pour apprendre à voir les choses différemment. Quand les parents nous envoyaient à l’école, à l’étranger c’est justement pour qu’on revienne améliorer les choses qui se font chez nous. » déclare-t-elle pour justifier son retour à l’entrepreneuriat agricole.
Elle a été et continue toujours d’être sollicitée par plusieurs entreprises internationales pour des missions de consultation, d’audit et démarche qualité, de formation et de coaching. Neuly Olatutu Abiala aura donc marqué toute sa génération par son intelligence et son attachement à la culture africaine et à la valorisation de nos valeurs.