Dans la nuit du mercredi 10 août 2022, des miliciens et rebelles lourdement armés ont attaqué la prison de Kakwangura à Butembo (Nord-Kivu) située dans l’est de la République Démocratique du Congo. Au cours de cette opération, au moins 700 détenus, dont des condamnés à mort et des combattants de groupes armés se sont évadés. Ceux-ci sont activement recherchés par l’armée.
Il sonnait 2 heures du matin, quand le groupe des assaillants constitué de plus de 80 hommes lourdement armés, a fait irruption dans la prison civile de Kakwangura .Selon le porte-parole des forces armées dans la région, le capitaine Anthony Mwalushay, les assaillants sont venus du territoire de Beni. Cette attaque a été violente et très rapide. Ainsi, après quinze minutes d’opération, les assaillants ont défoncé les portes de la prison et ouvert les cellules. S’en est suivi un échange de tirs entre les assaillants et une dizaine de policiers. Les prisonniers ont donc profité de cette occasion pour s’évader. Il est vrai que la prison se situe dans l’un des périmètres les plus sécurisés de la ville mais les cellules étaient déjà vides avant l’arrivée de l’armée qui reconnaît être intervenue avec retard.
Évasion, des pertes en vies humaines et des vindictes populaires causées par les attaques.
D’après le bilan fait par l’armée, deux policiers de garde et un assaillant ont été tués. Il y a aussi plusieurs blessés dans le rang des assaillants. De plus, ces derniers ont profité de cette attaque pour piller les habitants en emportant sur leur passage des chèvres, des moutons et des poules. La population ne s’est pas laissée faire et a réussi à lyncher trois personnes parmi ces assaillants avant que les autres ne se retirent de la ville. Environ 817 prisonniers se sont évadés lors de l’attaque, selon l’armée. Mais dans la journée 115 ont été repris. Les autorités disent avoir lancé des opérations dans le but de capturer les 700 fugitifs.
Un double objectif visé par les assaillants lors des attaques.
Des renseignements fournis par l’armée, l’attaque est montée et exécutée par les combattants de l’ADF avec quelques renforts des miliciens locaux. Selon les autorités militaires, les rebelles sont venus libérer un de leurs compagnons et douze épouses de leurs commandants qui croupissaient dans les cachots. Ces prisonniers étaient sur le point d’être transférés vers d’autres provinces. L’autre objectif, toujours selon l’armée, est le recrutement. Les combattants ADF profitent de ce genre d’opérations pour faire adhérer les captifs à leur doctrine afin de renforcer leurs rangs.
Les attaques-évasions à la prison de Butembo deviennent répétitives car en 2017 il y en a eu plusieurs. Ces attaques se produisent soit à Butembo, soit à Goma, soit à Bukavu, soit au Kasaï. Afin de ne plus revivre cette situation, le député national, Juvénal Munubo, a plaidé pour une réforme du système carcéral.
Charbel Ahouandjinou (stag).