L’ONG de défense des journalistes Reporters sans frontières (RSF) a alerté l’Organisation des Nations Unies sur l’incarcération du journaliste et directeur des médias Radio M et Maghreb Émergent, Ihsane El Kadi.
Dans un courrier en date du mardi 3 janvier 2023, RSF a signalé auprès de l’ONU « l’acharnement judiciaire » que subit Ihsane El Kadi, journaliste et directeur des médias Radio M et Maghreb Émergent depuis trois ans. Aussi dénonce-t-elle cette ultime tentative de réduire au silence les derniers médias indépendants en Algérie.
L’arrestation de Ihsane El Kadi le 24 décembre dernier par les services de sécurité a provoqué un choc au sein de la profession et suscite un élan de solidarité en Algérie et à l’étranger. A titre illustratif, RSF a saisi en urgence la rapporteuse spéciale de l’ONU, Irene Khan sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression de la détention d’Ihsane El Kadi.
« Nous demandons à la Rapporteuse spéciale des Nations unies d’appeler d’urgence les autorités au respect de leurs obligations internationales et constitutionnelles. Les Nations unies doivent exiger la libération immédiate d’Ihsane El Kadi et l’abandon pur et simple de poursuites fallacieuses qui ne visent qu’à le réduire au silence », a indiqué l’organisation.
D’après la correspondance de RSF, l’arrestation du journaliste, le 24 décembre, est intervenue quelques jours seulement après la publication d’articles critiques envers les autorités. Cette chronologie accrédite une motivation politique derrière son arrestation et une volonté claire de museler les médias indépendants offrant une tribune aux défenseurs de la liberté d’expression.
Depuis environ trois ans, Ihsane El Kadi subit fréquemment des pressions et intimidations de la part des autorités. Il est le directeur de deux médias, Radio M et Maghreb Emergent, seuls espaces où le débat contradictoire est encore permis en Algérie. A l’orée du mois de décembre 2022, RSF appelait déjà les autorités algériennes à mettre un terme au harcèlement judiciaire visant le journaliste. Sa condamnation à 6 mois de prison en juin 2022, les multiples reports de son procès en appel ou encore convocations répétées au mois de novembre… Avec son arrestation, c’est une nouvelle intensification des intimidations dont fait l’objet le journaliste, en violation de la Constitution algérienne qui consacre pourtant la liberté d’opinion.
C’est à cause de ses fréquentes menaces, intimidations et harcèlement judiciaire des journalistes, que l’Algérie s’est classé à la 134e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2022, rapporte RSF.