Sur les chaussées, les carrefours, les trottoirs, les grandes artères, les points stratégiques et dans les feux tricolores des grandes villes d’Afrique, il est courant de les apercevoir, présent avec leurs articles. Eux, ce sont les marchands de rue ou vendeurs ambulants ou encore vendeurs à la sauvette. Ils proposent toutes sortes d’articles aux passants et à de très bons prix. Un commerce, un travail, un moyen de survie ; l’espoir de toute une famille.
Que vous soyez à Cotonou, Lomé, Dakar, Lagos ou encore à Abidjan…, le constat est le même. Dès que les feux tricolores passent au rouge, motocyclistes, taximan… tous sont envahis par des vendeurs qui leurs présentent divers articles. (Amuses gueules, appareils électro ménagers, produits cosmétiques, sacs, friperies etc.) Les quelques minutes que dure ce temps d’arrêt sont un véritable moment d’échange entre vendeurs et acheteurs. En effet,avec plus de 80% des emplois en milieu urbain, le secteur informel est le principal employeur et la clé de voûte de l’activité économique des villes africaines. Ainsi, la vitalité de l’informel saute aux yeux dans les métropoles du continent. Les vendeurs de rue sont des maillons indispensables de la sécurité alimentaire. Ces vendeurs exercent leur commerce à ces endroits non pas forcément par manque de place dans les marchés ou encore par manque de moyens pour louer une boutique mais par souci d’écouler rapidement beaucoup de marchandises et par conséquent de faire un bon chiffre d’affaire. Ils défient le danger à longueur de journée en se promenant devant ou entre les rangées des différents véhicules et motos dans le but de proposer leurs marchandises aux passants.
Les causes du phénomène
Ces personnes pour la plupart sont des déscolarisés, des étudiants en manque de moyens, des femmes qui ont des enfants à nourrir ou encore des jeunes qui ont quitté les villages à la recherche d’une vie meilleure en ville. Malheureusement, ils sont de plus en plus nombreux, à trainer dans les rues pour vendre leurs articles dans les villes d’Afrique. Et pour cause, la forte pression démographique que connait le continent et aussi le taux de chômage galopant. Si ce dynamisme démographique est bénéfique à la croissance économique du continent, il faut tout de même dire que le secteur salarié formel urbain ne crée pas suffisamment d’emplois pour absorber les nouveaux arrivants sur le marché du travail et ceux qui migrent des zones rurales vers les villes. Ainsi, les jeunes en âge de travailler n’ont trouvé d’autres issues que de recourir à l’informel, donc la vente à la sauvette. D’où l’expansion d’un marché en plein essor. La démographie, le manque d’emploi, constituent alors les premiers facteurs qui incitent ces jeunes à se lancer dans la vente ambulante.
D’un autre point de vue, l’absence d’éducation, la pauvreté, les charges fiscales, un environnement des affaires non favorable, la corruption sont autant de facteurs qui justifient la vente à la sauvette dans les capitales africaines. Avec un taux de scolarisation très faible et une population plus jeune, le continent africain ne se trouve pas toujours en mesure de s’assurer que ces jeunes reçoivent les connaissances et compétences pertinentes pour l’avenir du travail.
Un commerce, à quel prix ?
Au prix de sa vie. Bien évidemment, on n’ignore pas les risques auxquels ces jeunes s’exposent quand ils se lancent dans la vente à la sauvette. Eux-mêmes en sont conscients. Le soleil ardent sous lequel il faut passer toute la journée à accueillir les passants, potentiels acheteurs, les risques d’accidents, les risques de maladies liés à la pollution atmosphérique etc. sont autant de prix à payer afin de survivre.
Par ailleurs, puisque la loi interdit cette forme de commerce, les répressions auxquelles ils font face au cas où la police les attraperait ne sont pas des moindres. Ils sont quand même tous conscients que leur vie est en danger permanent et qu’ils enfreignent les dispositions légales en la matière. Mais entre ce que recommandent les textes, les normes sociétales et la réalité quotidienne qu’ils vivent, peuvent-ils faire d’autres ? Nonobstant, la vie a-t-elle vraiment un prix? Ne faut-il pas d’abord vivre avant de se battre et faire face à toute éventualité? Il est alors opportun de rappeler que certes les conditions ne sont pas favorables mais il faut toujours préserver la vie. En attendant de trouver définitivement une solution à ce problème dans les capitales africaines, ces vendeurs ambulants continuent de survivre avec leur famille grâce aux revenus issus de cette activité.