Chaque jour, ce sont des milliers de tonnes de vêtements qui arrivent en Afrique en provenance des pays Occidentaux. Les vêtements invendus ou peu portés en Occident se retrouvent parfois en Afrique pour une seconde vie : c’est le marché de la fripe. En Afrique Subsaharienne de manière générale, ces vêtements alimentent un commerce local et font vivre une multitude de petits revendeurs locaux.
Chaque Français se débarrasse en moyenne de 12 kg de vêtements chaque année. Une partie non négligeable de ces vêtements usagés en Occident finissent sur les marchés africains. Ils habillent aujourd’hui un bon nombre de Sénégalais, Burkinabè, Togolais, Béninois, Camerounais, Maliens, ou encore Malgaches…
En effet, le gros marché de la friperie en Afrique, est la conséquence d’une surconsommation générée par l’industrie de la mode en Europe. Cette industrie pousse les Occidentaux à renouveler leurs vêtements de plus en plus souvent. Inévitablement, l’Europe a pour point de décharge, l’Afrique. Comment réagirait l’Europe si les pays africains commençaient à l’inonder de produits de seconde-main ?
Une opportunité pour tous les rangs sociaux
Mais pour l’heure, on ne saurait porter des jugements de valeurs puisque ces habits répondent à un besoin fondamental de l’être humain : se vêtir. De plus, grâce à ce système, même les régions les plus reculées de l’Afrique sont connectées au mode de vie occidental. Sans oublier que grâce à la friperie, on peut faire un paquet d’économie. C’est un marché qui accueille toutes les couches sociales. Des plus démunis, qui s’habillent ainsi à bon marché, aux plus inventifs qui souvent revisitent ces vêtements. Chacun y trouve pour son compte.
Une limitation d’importation de vêtements ?
N’est-ce pas stupide de fabriquer du coton, l’exporter… puis importer les vêtements fabriqués à partir de ce même coton ? En effet, en 2017, le Mali et le Burkina-Faso, ont été les premiers producteurs de coton en Afrique. Ces pays, ajoutés à d’autres comme le Tchad ou le Togo, sont des noms qui comptent dans la production de cette matière première à partir de laquelle sont fabriqués les vêtements. Malheureusement, c’est encore cette même Afrique qui se retrouve à importer plus les produits finis de ce même coton. Il y a de quoi s’inquiéter.
Cependant, tant que se poursuivra la surconsommation de la mode dans un Occident qui a établi des filières de rentabilité solides, combattre la friperie dans des régions peu développées comme l’Afrique sera difficile. Il faut dire que les importations de textile à bas prix ont mis à mal les velléités de construire une industrie locale. Sans oublier que réduire l’importation de vêtements de seconde main en Afrique va constituer un manque à gagner incroyable : le problème de reconversion professionnelle pour ces milliers de revendeurs, dans le secteur informel. L’autre souci, c’est le prix : Remplacer la robe toute cousue depuis l’Europe par une robe fabriquée sur place peut entraîner une augmentation de prix significative sur laquelle la clientèle moyenne ou pauvre ne peut s’aligner.
Des initiatives sont engagées dans plusieurs pays d’Afrique pour contrer le phénomène. Par exemple en 2016, le Rwanda a multiplié par 12 les taxes sur l’importation des vêtements d’occasion dans le but de les éliminer progressivement du marché. L’Afrique du Nord s’est spécialisée dans le textile, avec la Tunisie et le Maroc en particulier. En Afrique subsaharienne, l’Ethiopie est en train de devenir un atelier de plus en plus important.
Le Rwanda et sa relance de l’industrie de l’habillement constitue un espoir. La combinaison de ses efforts, avec ceux du Nigéria, du Maroc, de l’Ethiopie, ou encore de l’Afrique du sud, pourrait ouvrir de nouvelles perspectives.
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